Les troubles alimentaires : comment l’éducation et la société façonnent notre rapport à la nourriture
- mylenemartinhypno
- 31 mars
- 4 min de lecture
Notre relation à la nourriture ne se construit pas uniquement autour de nos besoins physiologiques. Dès l'enfance, notre éducation et la société influencent notre manière de manger, souvent de façon inconsciente. Forcer un enfant à finir son assiette, utiliser la nourriture comme une récompense ou imposer des règles alimentaires strictes peut perturber la perception naturelle de la faim et de la satiété. De plus, les injonctions liées à l'apparence et la publicité jouent un rôle majeur dans l’émergence de troubles alimentaires à l’âge adulte. Examinons ces différents facteurs et leurs conséquences.

1. L’impact du forçage alimentaire sur l'autorégulation de la faim
L’un des premiers apprentissages alimentaires est l'écoute de son propre corps. Pourtant, de nombreux enfants sont conditionnés à ignorer leurs sensations naturelles sous des injonctions telles que : "Finis ton assiette !" ou "Tu ne quitteras pas la table tant que tu n'as pas tout mangé."
Les repas deviennent alors une contrainte plutôt qu’un moment d’écoute et de plaisir. Cette habitude crée un dérèglement des signaux internes, ce qui peut conduire à une alimentation mécanique, déconnectée des réels besoins énergétiques.
Conséquences à long terme :
Difficulté à écouter ses signaux corporels : les sensations de faim et de satiété deviennent floues, favorisant la suralimentation.
Alimentation compulsive : le réflexe d’« obligation alimentaire » pousse à finir ses repas même en l’absence de faim réelle.
Prise de poids et hyperphagie : sans autorégulation, il devient plus difficile de maintenir un équilibre.
Rapport conflictuel avec la nourriture : manger peut devenir une source d’angoisse ou de culpabilité.
2. La culture de la récompense et de la restriction
Dès l’enfance, la nourriture est souvent utilisée comme un levier de contrôle et d’éducation :
"Si tu es sage, tu auras un bonbon."
"Tu n'auras pas de dessert si tu ne finis pas tes légumes."
"On fête ton succès avec un gros repas !"
Cette association entre la nourriture et la valeur personnelle peut impacter profondément le rapport à l’alimentation à l’âge adulte. Manger devient alors un outil de gestion des émotions, et non plus un acte naturel basé sur des besoins énergétiques.
Effets à long terme :
Alimentation émotionnelle : compenser le stress ou le manque affectif par la nourriture.
Culpabilité alimentaire : manger des aliments considérés comme “récompense” peut générer de la honte.
Difficulté à réguler son alimentation : alternance entre excès et privation.
3. L'impact du rythme de vie et du stress alimentaire
Notre société moderne impose un rythme effréné qui laisse peu de place à une alimentation équilibrée et consciente. Beaucoup de personnes mangent dans la précipitation, en multitâche, devant un écran, ou même debout, ce qui perturbe considérablement la digestion et la satiété.
Conséquences du stress alimentaire :
Mauvaise digestion : mastiquer trop peu et manger rapidement impacte la digestion et l’absorption des nutriments.
Alimentation excessive : un repas avalé trop vite empêche la sensation de satiété d’être ressentie à temps.
Stockage des graisses : le stress alimentaire stimule la production de cortisol, favorisant le stockage des graisses abdominales.
De plus, l’hyperconnexion et la culture du “toujours plus rapide” entraînent une relation encore plus déséquilibrée avec l’alimentation, où l’on mange mécaniquement sans prendre le temps de ressentir le plaisir des saveurs.
4. L’association entre apparence et alimentation
Les injonctions sociales liées au poids et à l’apparence commencent souvent dès l’enfance et influencent durablement notre rapport à l’alimentation.
Les remarques sur le poids des enfants ("Ne mange pas trop, sinon tu vas grossir"), créant une peur excessive de la prise de poids.
L’idéalisation de la minceur, omniprésente dans les médias, renforce la volonté de restriction alimentaire.
La stigmatisation du surpoids, menant à une honte corporelle qui favorise des comportements alimentaires compulsifs ou restrictifs.
Effets sur le long terme :
Développement de troubles du comportement alimentaire (TCA) comme l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie.
Difficulté à écouter ses signaux internes sans se fier aux diktats extérieurs.
Sentiment de culpabilité omniprésent dès qu’un écart est fait.
5. L’impact des publicités sur notre rapport à l’alimentation
Les stratégies marketing des industries agroalimentaires influencent massivement nos comportements alimentaires, jouant sur nos émotions, nos habitudes et nos désirs.
Techniques utilisées par l’industrie alimentaire :
Valorisation des aliments ultra-transformés : présentés comme “bons pour la santé” grâce à des slogans trompeurs.
Nourriture associée au bonheur et à la récompense : des publicités mettent en scène des moments de joie liés à la consommation de produits sucrés ou gras.
Influence des célébrités et des réseaux sociaux : des influenceurs vantent des produits alimentaires sans réelle transparence sur leur impact nutritionnel.
Mise en avant de produits “diététiques” qui poussent à la restriction et au contrôle excessif.
Ces messages façonnent notre perception des aliments, renforçant la confusion entre plaisir immédiat et bien-être réel.
6. Les conséquences à l’âge adulte
Tous ces conditionnements façonnent durablement notre relation à la nourriture :
Difficulté à manger selon ses besoins réels (ex : perte de sensation de satiété...)
Alimentation émotionnelle incontrôlée.
Troubles digestifs chroniques liés au stress alimentaire.
Rapport culpabilisant et conflictuel avec la nourriture.

7. Comment retrouver un rapport serein à l’alimentation ?
Pour déconstruire ces automatismes et retrouver une relation saine à la nourriture, voici quelques pistes :
Se reconnecter à ses sensations de faim et de satiété : écouter son corps et non des règles imposées.
Manger en pleine conscience : prendre le temps de savourer, loin des écrans et des distractions.
Dissocier nourriture et émotions : trouver d’autres sources de réconfort que l’alimentation.
Déconstruire les croyances limitantes sur le poids et la minceur.
Consulter un professionnel si besoin : hypnothérapie, TCC ou suivi nutritionnel peuvent aider.
Conclusion
Nos comportements alimentaires sont largement influencés par notre éducation et la société. Si ces conditionnements peuvent perturber notre relation à la nourriture, il est possible d’en reprendre le contrôle à l’âge adulte. En apprenant à écouter son corps et à se libérer des injonctions, il est possible de retrouver un équilibre sain et apaisé avec l’alimentation.
Mylène Martin
Hypnothérapeute à Quimper
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